"L'encre de Chalveana" recèle de trésors à dévorer, une modeste boutique de livres du quartier de West Bay Gone dans la cité de Port Glas, le paradis des resquilleurs, des flâneur ennuyeux et des artistes sans talents (ceux qui en ont sont morts ou exilés sous le soleil de Nocless Gulves).

Frédéric Neveur en est le propriétaire mais il a déménagé vers des terres plus clémentes...

            C’était une petite boutique de livres, denrée périssable bien peu consommée dans le quartier. Apparemment plus haute que large, la pièce centrale donnait le tournis ; des milliers d’ouvrages anciens et des grimoires poussiéreux semblaient écraser les rares clients en dormant dans des étagères gigantesques reliées par des échelles tentaculaires. Un sentiment de vertige accabla Luna ; elle chancela légèrement avant de se retenir à l’arrête d’une armoire sculptée dans un bois plein d’échardes. Une odeur rance et austère remplit ses poumons regrettant l’air pur des cieux de son fantastique voyage, à plusieurs kilovlads au dessus de l’océan. Elle jeta un coup d’œil dehors. Les trois prédateurs avaient passé leur chemin. Une voix rauque l’interpella soudainement, surgissant d’une lourde pile d’exemplaires en solde des Chroniques des Mauvaises Contrées :

            — Vous êtes en sécurité ici. Mais à votre place, j’aurais choisi une boutique de vêtements,  mademoiselle.

            Un homme d’un certain âge, à la peau blet et fripée, portant un gilet vert sauge aux mailles de laine trop larges, fumait une pipe noisette derrière ses grosses lunettes d’apothicaire. Il ne regardait même pas Luna, résolument plongée dans un gros bouquin, pourtant la tentation était grande et les occasions de rencontrer une cliente aussi fauchée plutôt rarissimes. Luna observa son gros nez aplati et ses cheveux gris crépus pendant quelques demi-echrons avant de répondre.

            — Vous n’auriez pas quelques habits ? demanda l’insouciante.

            — Des habits ? À part la couverture de mes livres, je n’ai rien à vous proposer de décent pour les codes vestimentaires de West Bay Gone.

            — Serpillière, toge, peau de Targanours, bleu de chauffe, haillons… N’importe quoi fera l’affaire, insista-t-elle, les bras ballants.

            — N’importe quoi, dîtes-vous ? Je vous prends au mot, cligna de l’œil le responsable de la boutique. Attendez un instant et tachez de ne pas effrayer les autres clients potentiels, bien que le dernier remonte à trois semaines. »

Mémoires d'un Nohope - Chapitre 12

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